Jusqu’au bout des villes
Le projet urbain comme outil de création de la ville
Au concept de l’urbanisme introduit par Ildefonso Cerdà et définit au cours du XIXème siècle, suivra la notion de projet urbain qui désignera un ensemble de réflexions et d’expériences par rapport aux nouvelles problématiques propres à l’espace urbain moderne.
Christian Devilliers, cherchant une définition du projet urbain, l’explique ainsi : « Le projet urbain ne relève pas d’une profession, mais d’une compétence, il n’est pas une procédure mais une démarche (…) Il est une pensée de la reconnaissance de ce qui est là, des traces, du substrat, une reconnaissance du mouvement et du flux dans lequel on se situe, des fondations sur lesquelles on s’appuie pour établir des fondations pour d’autres qui viendront après. »1
Il faut comprendre que le temps est essentiel. Un projet urbain est un projet respectueux du passé qui peut traverser les époques en se pliant aux transformations, aux destructions, aux reconstructions, à l’abandon, et en s’adaptant à la ville et à ses évolutions sociales. Les « utopies de villes », introduites par Thomas More et son projet Utopia où il décrira une société idéale, permettront de soulever de nouvelles théories et apparaissent comme base de réflexion sur l’urbanisation. Dans cette continuité, Fritz Lang avec son film Metropolis met en scène la cité du futur, et dénonce ainsi les dérivent possibles.
Le projet urbain a pour rôle de créer un environnement de qualité articulant le passé et le futur. Le constat de la ville moderne terne et ennuyeuse en opposition à la ville historique a pourtant la dent dure.
Il existe deux mouvements urbanistes de base : porter la ville à la campagne (notamment grâce aux transports) ou porter la campagne à la ville (par exemple le Plan Voisin de Le Corbusier). Le territoire est un élément précieux fini et comme Jean Nouvel le rappel : « Les territoires ne sont plus des terres vierges à conquérir. Comme les ressources, ils sont en quantité finie. Il faut les préserver, ce qui ne veut pas dire nécessairement les conserver. Il faut comprendre (…) ce qu’ils ont de particulier et d’irremplaçables (…) et ensuite de se demander comment les faire évoluer. »2 . Il s’agit de tenir un rapport d’équilibre entre ville et nature, homme et paysage, économies et ressources. Le projet urbain doit s’articuler autour de différents couples : sol-climat, plein-vide, statique-dynamique ainsi que minéral-végétal et perméable-imperméable. C’est-à-dire qu’il faut faire en sorte que ces différents couples fonctionnent ensemble, en harmonie et s’interpénètrent pour trouver le bon équilibre.
Selon David Wright, « Sous la plupart des climats, les énergies naturelles qui chauffent, refroidissent, humidifient et sèchent sont disponibles tout au long de l’année, il faut donc étudier les édifices pour qu’ils acceptent ou qu’ils rejettent et pour qu’ils stockent ou qu’ils relâchent les énergies naturelles aux moments appropriés »3. Les conditions climatiques doivent influencer directement l’implantation de l’édifice. Les industries doivent également se soumettre au développement durable, des solutions existent comme par exemple la symbiose industrie lle à Kalundborg. Les énergies et rejets produits par certaines industries sont redistribués à d’autres industries en ayant besoin, cette boucle permet un gain économique et environnemental.
Le projet urbain doit se développer à travers trois axes : la mixité, la densité ainsi que la mobilité. La mixité doit se faire selon les fonctions et les typologies pour donner de la vie, de la richesse et de l’intérêt à la ville moderne. La densification doit également être synonyme de respirations dans la ville et doit s’accorder le plus étroitement possible avec la mixité et la mobilité pour créer une proximité viable.
Le projet urbain est une remise en question de la ville sous toutes ses échelles pour répondre à la constante métamorphose de ses conditions.
Aujourd’hui nous devons penser autrement en introduisant le concept de qualité au-delà du concept de quantité dans la réalisation des infrastructures, et en prenant en compte les impacts environnementaux et les conditions de vie des usagers. Le projet urbain prend place dans une dynamique urbaine existante et génère donc des particularités qui doivent être exploitées pour initier l’égalité des espaces.
1 DEVILLERS Christian, Le Projet Urbain, Un Pavillon de l’Arsenal, Paris, 1994, p. 12-13
2 NOUVEL Jean, Synthèse du Grand Paris, Paris Projets n°39, 2009, p. 43
3 David Wright, citation tiré d’une conférence sur l’Urbanisme Ecologique. Référence exacte introuvable
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