TEDx Belfort 2019
Repenser les espaces pour préserver, respecter & magnifier
1_ la consommation d’espace
De toutes les ressources, il y en a une que nous consommons tous sans même nous en rendre compte. Que ce soit pour l’occuper physiquement ou pour nos besoins : c’est l’espace. On ne peut pas rêver d’une consommation individuelle infinie sur une planète qui n’est pas en expansion.
Si nous étions 500 millions d’individus sur la planète, les hommes auraient suffisamment d’espace pour construire, cultiver et vivre en harmonie avec la nature. On est loin du compte avec 7,5 Milliards d’être humains sur terre aujourd’hui ! Une chose est sûre ; avec 10 milliards en 2050 et 15 milliards en 2100, on sera encore plus loin du compte. Pour palier à cela, agissons, chacun de nous sur des éléments que nous pouvons maîtriser. Pour les architectes, la consommation d’espace en est un.
Aujourd’hui, il est primordial d’éviter de consommer de l’espace inutilement. Pour donner quelques chiffres, toutes les secondes, un bout de forêt de la taille d’un terrain de football disparaît, soit près d’un hectare. C’est beaucoup, alors maîtrisons au moins l’étalement des villes ; c’est capital pour la sauvegarde de nos ressources. Une conscience collective doit émerger et c’est pour cette raison qu’il est essentiel d’y réfléchir à plusieurs. Ce que nous voulons vous faire partager, c’est l’optimisation d’usage de l’espace. C’est bien beau mais comment fait-on ?
2_ le vide comme réponse
La solution est plus simple que vous ne le pensez, elle réside dans le vide. Il suffit de regarder autour de nous pour constater que tout est fait de vide. Dans nos villes, dans nos maisons, ces résidus d’espaces, peuvent être de tailles différentes. Il peut s’agir d’interstices entre deux bâtiments, de friches, mais aussi de greniers, de toitures, d’escaliers. Ces espaces délaissés sont des orphelins alors que la population à des besoins croissants. C’est à vous de les identifier et c’est à l’architecture de les magnifier.
Ajoutons que beaucoup de vides sont nécessaires parce que c’est aussi eux qui donnent une âme à une ville. Même ceux qui sont délaissés permettent bien souvent d’accueillir des événements inattendus. Dans la ville, ces espaces sont souvent dans un premier temps support d’art. Il peut s’agir d’installations éphémères, de graffitis sur les murs ou encore de sculptures urbaines. C’est aussi des endroits idéaux pour laisser de la place à la végétation en ville. Pourquoi ne pas faire d’une ancienne voie ferrée une balade urbaine déambulant dans la ville comme à New York ? Ou encore, pourquoi ne pas transformer un ancien bâtiment industriel en serre ? L’idée est d’aborder ces espaces en leur donnant une seconde vie et en réfléchissant à leur nouvelle identité au delà des usages habituels.
3_ Un marché sous tension
Aujourd’hui l’objectif n’est pas de proposer aux gens d’emménager sous une bretelle d’autoroute. Il s’agit avant tout d’optimiser l’espace, pas forcément de densifier, mais avant tout de savoir intégrer. Pensons er repensons la spatialité en fonction des besoins et de l’environnement. L’architecture n’existe pas sans le contexte qui l’accompagne !
Il y a quelques années à Paris, une annonce circulait : un propriétaire proposait un cellier de 3 m² avec vasistas à 50 000€.
Pour justifier ce prix exorbitant, il était indiqué dans l’annonce « idéalement situé sur l’île Saint Louis ». Cette offre incroyable nous rappelle la pression foncière qui sévit dans de nombreuses villes. Pour lutter contre cela, l’architecture que nous défendons est économique, consomme peu d’énergie et elle se calque sur l’idée que chaque mètre carré est important, mais pas n’importe lesquels : le cellier de 3 m² est intéressant si il est attenant à un appartement et qu’il peut être utilisé comme surface supplémentaire.
En fait la petite surface est devenue un marché à part entière et ça s’explique aussi de manière sociologique : la ville héberge de moins en moins de famille, les jeunes vivent chez leurs parents parce qu’il y a très peu d’offres de petits appartements à des prix abordables. L’offre manque également pour les célibataires, qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux. Les nouvelles générations s’affirment dans une dématérialisation, ils préfèrent l’expérience, la vie sociale et la location, donc construire dans le détail importe plus que la taille du logement en soit.
4_ L’influence des cultures
En France, l’idée selon laquelle tous les espaces peuvent être utilisés est encore marginale. Ce n’est pas forcément le cas au Japon. Pour créer des espaces de vies qualitatifs et les utiliser à leur juste valeur, l’architecture japonaise s’appuie sur des notions tel que l’intégration du vide, l’intelligence de la forme, la matière, la simplicité, l’ergonomie… Bien que ce soit l’héritage d’un art de vivre, ces préoccupations, ces modes de pensées, ces valeurs peuvent nous être communes dans une problématique mondiale. Prenons l’exemple d’un hôtel.
Est-il nécessaire d’avoir une chambre de 20 m² quand 4 m² suffisent pour dormir même à plusieurs ?
Afin d’optimiser au maximum l’espace d’occupation. Les hôtels capsules, hôtels typiquement japonais proposent des chambres qui se limitent à une simple cabine-lit. 2 m² rien que pour soi ! La manière de vivre l’espace et la nature même de ces espaces sont complètements différents des nôtres. Mais ils ont le mérite de re-questionner notre spatialité et sa consommation. Comme toutes questions environnementales, c’est par de nouvelles habitudes et grâce à un nouveau langage que nous changerons les choses.
Prenons conscience du potentiel qui vous entoure. Recyclons au même titre que n’importe quel denrée l’espace. Ce n’est pas parce qu’une famille s’agrandit qu’elle doit obligatoirement changer de logement. Des aménagements astucieux ou une simple extension peuvent la plupart du temps faire l’affaire. Un logement doit offrir plus d’espace que de surface.
Penser et repenser la spatialité afin de préserver, respecter et magnifier. Nous et notre planète en avons besoin. Chacun dans son quotidien peut influencer de manière positive l’évolution environnementale des prochaines décennies. Notre profession a pour devoir de répondre à ces questions avec un nouveau langage.
Les outils ne manquent pas alors utilisons les.
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